Un message de Roger Brown, chef de police
Plusieurs l’ont déjà dit et il faut le répéter : il n’existe pas de solution unique pour lutter contre l’itinérance (c.-à-d. le sans-abrisme). Nous savons que l’itinérance est le résultat d’une panoplie de facteurs compliqués, mais les causes profondes les plus visibles sont les problèmes de santé mentale, les traumatismes, la consommation de drogues et les dépendances.
Par ailleurs, si les personnes qui se retrouvent à la rue sont confrontées à des défis similaires et complexes, les circonstances qui les ont poussés dans cette situation et leur parcours diffèrent énormément, de sorte que pour déterminer les mesures appropriées à prendre dans un cas précis, il est essentiel de connaître les faits associés la situation de la personne concernée. Il est également important que le public sache que de nombreuses informations diffusées sur les médias sociaux et dans les conversations ne sont pas factuelles.
La nuit dernière, un incendie a eu lieu sur l’un des sites de tentes, causé par un chauffage au propane qui se trouvait à l’intérieur de l’une des tentes. Le vent a propagé le feu et trois tentes ont été détruites. Heureusement, personne n’a perdu la vie ni subi de blessures, mais au moins cinq personnes ont perdu tous leurs biens et ont été déplacées. La bonne nouvelle, c’est qu’il y avait de la place pour les héberger dans les refuges locaux.
En tant que policiers, nous avons le devoir de veiller à la sécurité de tous. Nous devons donc intervenir lorsque la situation de vie d’une personne crée un risque pour elle-même et pour les autres. C’est précisément notre intention aujourd’hui.
L’hiver complique sérieusement les défis de sécurité des sans-abris, y compris ceux qui vivent dans des tentes. La vie dans un environnement froid et humide ainsi que l’utilisation de sources de chaleur dangereuses dans des espaces clos engendrent des risques graves pour la sécurité individuelle et publique. L’incendie de la nuit dernière aurait pu être bien plus tragique, étant donné que les chauffages au propane utilisés dans des espaces clos ne constituent pas seulement un risque d’incendie, mais aussi un risque d’explosion et d’asphyxie, en raison des gaz de combustion.
Au cours des prochains jours, nous fermerons les sites de tentes afin de réduire les risques associés aux personnes qui y vivent. Avec nos partenaires, nous continuerons à encourager les itinérants à se rendre dans les centres d’hébergement disponibles.
Ces dernières semaines, des articles de presse locaux ont relaté le décès soudain d’une jeune femme qui vivait sous une tente. La police se rend sur tous les lieux de décès soudains pour vérifier s’il peut y avoir eu un acte criminel. Dans ce cas, la mort a été jugée non suspecte et le dossier a été transmis au coroner qui mènera une enquête sur la cause du décès.
Malheureusement, des articles publiés sur cette enquête n’étaient pas factuels. Bien que le coroner attende les résultats finaux des analyses avant de confirmer la cause du décès, nous estimons qu’il est essentiel de communiquer certains détails pour corriger les informations erronées qui circulent actuellement.
Même si ce renseignement ne change pas l’issue de l’enquête, nous pouvons confirmer, par l’intermédiaire du pathologiste chargé de cette affaire, que la jeune femme n’était pas enceinte lorsqu’elle est décédée. Une information erronée affirmant le contraire a rapidement fait les gros titres et jeté de l’huile sur le feu d’une situation déjà tragique. Dans ce genre de cas, il faut chercher à obtenir tous les faits de l’affaire plutôt que de spéculer sur les circonstances. Une bonne connaissance des faits est essentielle pour trouver des solutions appropriées à ce type de situation.
Le personnel de la Ville de Fredericton, le gouvernement et les partenaires communautaires ont fait de gros efforts pour augmenter la capacité des refuges et diriger les personnes vulnérables vers des logements disponibles et les centres d’hébergement en place.
L’équipe de services communautaires intégrés de la police de Fredericton, composée de travailleurs sociaux et d’agents en uniforme, surveille les sites de tentes, assure la liaison avec les personnes qui y habitent et les oriente vers les ressources appropriées. Nos efforts collectifs ont conduit à certains progrès, mais il y a toujours des récalcitrants qui refusent d’accepter les offres d’aide ou de soutien.
Nous avons également constaté une grande générosité et un important soutien au sein de la population. Et même si ces gestes sont le fruit de bonnes intentions, nous recommandons de ne pas donner de tentes, de propane ou d’appareils de chauffage à des particuliers. Nous invitons plutôt les personnes qui souhaitent offrir une aide à s’adresser aux refuges locaux qui se feront une joie de leur indiquer où orienter leurs dons.
Les microsites de tentes génèrent des difficultés allant au-delà de ceux qui y vivent et nous touchent toutes et tous d’une manière ou d’une autre. Nous sommes favorables au dialogue permanent et remercions ceux et celles qui veulent collaborer avec nous pour trouver une solution à ce problème complexe.
Le sans-abrisme est un problème qui touche de nombreuses municipalités à travers le pays. Bien qu’il n’y ait pas de solution unique, il est impératif de continuer à œuvrer ensemble pour s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène et mettre fin aux nombreux défis que ce problème pose aux personnes qui vivent dans cette situation et à l’ensemble de la collectivité.